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L’arbre m’offre de faire partie de lui.
Il m’offre une place.
Je me vois en lui.
Comme un  double.

Texte de Marion Sancellier

le séquoia
Châteauvillain

Après l’avoir vu
Je l’ai touché.

Je ne l’ai pas regardé
Je l’ai touché.
Caressé
D’une main
Puis ma joue s’est posée
Mon oreille.
Je l’ai écouté.
Je n’ai rien entendu 
A part
Ce bruit sec
Tendre.
Une musique.

Je ne peux me détacher de cette écorce
Marquée
Ridée
Légère et dense.
Ma caresse danse avec lui.
Je voudrais me fondre dans cette matière.
Faire l'expérience de cette matière.

Ma main ouvre ces rides
Je m’y engouffre
La moitié de mon corps est maintenant part de ce tronc.
L’autre moitié est à l’extérieur
Mais celle-ci ne fait plus que suivre l’autre.
Je danse avec l’arbre
Ou plutôt je danse avec moi dansant avec l’arbre
Comme une ombre qui me précèderait.

Je ne vois plus rien
Je n’entends plus rien
Juste des souffles.
Le souffle de mes mouvements
Ils frottent
Ils accrochent
Offrent

J’apprends
Cette force tranquille est un condensé d’énergie
Je me sens grandir.
Étirée
Je deviens légère... et lourde
Mon bras... 
-ou plutôt une partie de moi, car mon corps n’est plus qu’une force -
S’élève et prend une forme sur ce tronc
Une nouvelle forme
Une nouvelle marque
Vivante.
L’arbre m’offre de faire partie de lui
Il m’offre une place.
Je me vois en lui
Comme u  double
Pas un reflet
Quelque chose que j’ai donné
Qui maintenant me tend la main.
Une forme vive
Une forme forte
A laquelle je peux m’accrocher
Autour de laquelle je peux voltiger
Avec toutes les traces de ceux ... qui sont là aussi.

Mon centre ne bouge pas
Tout rayonne à partir de lui
Tout s’étire
Jusqu’au racines
Jusqu’à la cime
Il n’y a ni haut ni bas
Il y a.
Mon corps n’a plus de forme
Il est dans chaque partie de l’arbre
Au creux de la terre fraîche et lourde
Au pointe de chaque branche.

Je deviens comme cette écorce
Légère et imposante
Fragile et dense.

Je sens partout
Je vois partout
J’entends partout

Pas tout
Partout
Dedans et dehors

Et ce son sec
Je l’aime
Je joue avec
On dirait du papier
Une peau de papier
On peut la froisser sans qu’elle se déchire.
Une peau de papier
Sur laquelle des mots
Des notes
Des couleurs 
Peuvent se griffer
Des histoires se confier
Se créer.

Ce son qui résonne
Qui me rassure
Qui m’éveille
Qui me met en mouvement
Qui l’emmène avec moi.
Ce son
Je suis ce son.

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